Ce pauvre petit peuple

06/02/2011 13:49

Pitié ! Pitié pour ce pauvre petit peuple, qui ne sait s’il faut rire ou pleurer, qui ne sait à quel saint se vouer et s’il faut s’adresser à un saint ou à Lucifer lui-même. Admirable peuple dont le sourire cache toutes les souffrances de son petit cœur immaculé.

Il vivait d’espérances, et il a été déçu. Il pleure, certes, le petit peuple. Il pleure de s’être laissé duper par ces messieurs au large sourire et à la chaude poignée de mains, qui savaient promettre monts et merveilles.

Quant à l’exécution, il faudra attendre, sinon repasser.
On ne peut pas donner à manger aux plus démunis, et remplir son garde-manger, lorsque l’élite a faim. Non de nourritures, mais des faveurs ! L’élite est, certes, plus que comblée. Mais il y a aussi les autres, les proches qui attendent d’être servis. Et de la plus belle manière.

Pendant ce temps, le petit peuple a faim. Mais les denrées alimentaires sont très chères. Pour une bouchée, il faudra se payer un double effort. Suer ! Et celui qui n’est pas satisfait se voit montrer la porte de sortie. Et, pour un départ, il y a tout un régiment qui se bouscule pour être embauché. Dans de telles conditions, mieux vaut manger son pain noir avec un sourire.

L’ennui pour le petit peuple, c’est qu’il est confronté à trop de lois – les unes plus contrariantes que les autres. L’ennui, c’est qu’il a appris à bosser durement, sans jamais pouvoir lire et comprendre ce qu’il a lu. C’est beaucoup trop fort pour lui. La littérature judiciaire et administrative n’est pas de son ressort. C’est du grec ! Et, comme supplément, il est confronté à l’éternelle et accablante litanie. Qu’as-tu fait ? Pourquoi l’as-tu fait ? Pourquoi as-tu fait l’un et n’as pas fait l’autre ? Des pourquoi beaucoup plus éreintants que le boulot lui-même !

Tout cela frise l’esclavage et fait les beaux jours des patrons. Avec les compliments du gouvernement – voire de l’opposition. Un gouvernement qui décide ; une opposition qui, de par son silence, ratifie. Et, étonnant à plus d’un titre, c’est à partir des fonds publics qu’on paie la folie de nos dieux !
Pour cette raison, le gouvernement aurait dû mûrement réfléchir avant de se payer MedPoint.

Pensez-vous ! Un immeuble évalué à Rs 75 millions se voit offert, après réévaluation, Rs 125 millions (+ 19 M pour les équipements) ! Sans compter le fait que la Capital Gains Tax n’a pas été payée !

Oublions le gouvernement. Oublions l’opposition. Oublions race, classe et communauté. Nous sommes tous Mauriciens, qu’on le veuille ou non. Tout le monde souffre lorsque nous nous laissons plumer ! Et s’il faut y ajouter Air Mauritius et son hedging, la State Trading Corporation et ses bévues… et les routes qui se font et se défont, sommes-nous en droit d’être fiers de nous-mêmes ?
Pauvre petit peuple regardant les autres revendiquer !